Chantal, Toulouse

Je suis intervenue entre 2018 et 2019 auprès de groupes d’enfants exclusivement IEF, de 4 à 15 ans, issus de tous milieux sociaux, philosophies et confessions religieuses confondues. Scientifique de formation, j’anime des ateliers scientifiques, et j’interviens principalement en écoles maternelles, élémentaires et collèges depuis 2016. Je connais donc bien les deux types de publics.

Je soutiens l’existence de l’IEF, pas seulement parce que c’est un droit mais aussi car c’est un mode d’éducation aussi intéressant et méritant que le mode « classique » en école.

Pour ma part, je suis issue d’une scolarité « classique » en école publique, je ne cherche pas ici à critiquer ce système qui m’a été bénéfique. J’ai navigué dans la scolarité sans saut de classe ni redoublement, puis brevet, bac, licence (une année Erasmus au passage), master, doctorat. Ce système m’a toujours convenu, il était adapté à ma personne, mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.
J’ai vu, dans mon entourage proche, des amis et amies d’enfance échouer scolairement alors qu’ils ou elles avaient de très bonnes capacités de réflexion. Aujourd’hui encore ils sentent une frustration de ne pas avoir pu faire des métiers qui les auraient passionnés, simplement parce que leur échec scolaire, dû à de la dyslexie par exemple, ne leur a pas permis d’accéder à des formations assez tôt pour ne pas s’encombrer de matières dites « générales » dont ils n’auraient pas eu besoin pour une vie professionnelle épanouie.

De mon point de vue, qui n’est qu’extérieur à l’IEF, ce mode d’enseignement permet, en parallèle des enseignements généraux, aux enfants de consacrer plus de temps aux sujets, matières qui les intéressent le plus.

Ce que j’ai pu voir pendant les ateliers que nous animons avec LudiSciences pour les enfants IEF, ce sont des enfants curieux, perspicaces et avec un esprit critique développé, souvent plus que chez les enfants des mêmes tranches d’âges que je vois en établissements scolaires.
Pendant les ateliers autour de la thématique de l’écologie et de l’observation de la nature, il était fréquent que des enfants (de tous âges) nous apprennent des choses sur un point précis, ce qui montre qu’un enfant intéressé par un sujet, pourra recueillir des informations, s’instruire de lui-même, ce qui n’est pas toujours possible à l’école car peu de temps est laissé pour se consacrer à d’autres sujets que ceux des programmes scolaires.

Avant ma première intervention, je n’avais jamais côtoyé d’enfants IEF et j’avais un a priori, pensant qu’ils devaient être peu à l’aise avec le travail en groupe, peu sociabilisés car faisant l’école à la maison… Cette vision était totalement erronée ! J’ai eu en face de moi des enfants tout à fait sociabilisé et j’ai compris pourquoi en discutant avec les parents : c’est parce que les familles se retrouvent régulièrement pour des activités en groupes, culturelles, sportives ou autres. Toutes religions confondues aussi bien pour toutes ces activités que pour nos ateliers scientifiques.

J’anime régulièrement depuis 2016 des ateliers mêlant enfants IEF et enfants scolarisés, et je suis incapable de différencier les IEF des autres, si ce n’est dans la précision exemplaire de certaines réponses parfois, mais socialement ils se comportent tous de la même façon.

Au final l’IEF n’est jamais vraiment l’idée que l’on s’en fait sans l’avoir vue de nos propres yeux.

Je n’ai, à ce jour, toujours pas lu ni entendu de raison valable de supprimer ce mode d’enseignement, de priver des familles de moments privilégiés d’apprentissages ensemble.

Par mon travail de vulgarisatrice scientifique, je confirme au quotidien ce qui est un fait prouvé par les neurosciences : l’apprentissage dans la bonne humeur est la meilleure façon d’apprendre car les émotions permettent d’ancrer les informations en mémoire. Un enfant qui n’a pas sa place dans une école (à cause de problèmes d’apprentissage et manque d’accompagnement scolaire ou pour d’autres raisons) ne pourra pas tirer de bénéfice de l’enseignement qu’il y recevra. C’est un gâchis dans les deux sens : aussi bien pour l’enfant qui serait plus épanoui en IEF que pour l’école et l’enseignant·e qui sera démunie par manque de moyen. L’enseignement sur-mesure dans une classe de plus de 20 élèves est une belle utopie, mais elle reste une utopie.

Vouloir à tout prix que tous les enfants rentrent « dans le moule » de l’école française est projet qui n’a aucune crédibilité pour moi, aussi bien pour l’instruction que pour la construction d’une société.

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