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Jean-Paul, Espéraza

Bonjour

Je suis papa de 3 enfants ; deux garçons qui ont été scolarisés, et d’une fille qui est allée à l’école à partir du lycée.

Je ne m’attarderai pas sur la scolarité catastrophique de mes deux grands. Un comprenait tout très vite et s’ennuyait à mourir, donc faisait les quatre cents coups, et l’autre nous disait « je ne sais pas comment on peut mettre tout ça dans sa tête, moi j’y arrive pas ». Sans commentaire…

Quand la dernière est arrivée (ils ont 13 et 15 ans d’écart), la seule panique pour nous était l’école. Surtout ne pas repasser par ce calvaire.

J’ai cherché des solutions. Les écoles payantes étaient impossibles pour notre budget, et j’ai découvert la possibilité de faire l’IEF.

Ma fille a 22 ans, et nous avons eu la chance de vivre une IEF paisible. Aujourd’hui, elle a une licence en archéologie, fait une année de break pour se refaire un budget et pour souffler (elle a fait un break aussi après le lycée ; 3 ans d’affilée, c’est apparemment sa dose max), et repart l’an prochain en fac d’histoire.

Je suis aussi relais et répondeur téléphonique pour LAIA, association IEF, et j’ai l’occasion d’avoir au téléphone beaucoup de familles en IEF.

Je constate cette année le grand désarroi d’un nombre important d’entre elles qui se voient contraintes de mettre leurs enfants à l’école.

J’ai eu la chance de ne pas être confronté à ça ; je ne sais pas comment j’aurais réagi. Il est impossible de savoir. Très facile de dire « j’aurais fait ci ou j’aurais fait ça » quand on est pas confronté directement à une situation.

Mais j’aurais vécu le même désarroi que les familles que j’ai au téléphone ; ça c’est sûr.

Je suis admiratif devant la volonté de certaines de poursuivre l’IEF envers et contre tout.

Le plus fort que j’ai vu, c’est une famille qui a fait le choix d’envoyer leur fils chez les grands parents hors Europe, et d’aller le voir tous les deux mois en avion.

D’autres font le choix de partir vivre à l’étranger, quoiqu’il leur en coûte.

Et d’autres qui n’ont pas les moyens scolarisent leurs enfants, et vivent un calvaire que je connais bien pour l’avoir vécu.

On sait aujourd’hui que la quasi interdiction de l’IEF n’est pas due à la possibilité de radicalisation, comme annoncé au départ, mais à l’hémorragie qui s’est produite pendant le confinement. A cette période, en tant que répondeur tél pour LAIA, je recevais entre 10 et 20 appels par jour (ce n’est pas une blague, ma fille se rappelle encore de cette période où j’ai même reçu deux appels le jour de l’an et où j’étais souvent au tél jusqu’à 23h). Il était impossible pour moi, dans ce contexte hors du temps que nous avons vécu, de laisser les familles dans une telle détresse face à l’absurdité de ce qu’on leur demandait de vivre, donc je répondais systématiquement.

Des familles de soignants et d’enseignants quittaient leur travail parce qu’ils ne voulaient pas se faire vacciner. J’ai eu des gens en pleurs au téléphone. Certains sortaient en urgence leurs enfants de l’école, et me rappelaient plus tard en me vantant les bienfaits de l’IEF. Ça avait un petit côté « l’essayer c’est l’adopter » qui me plaisait bien. Comme dirait un de mes fils, je ne vais pas me le cacher.

Au lieu de s’interroger sur sa manière d’agir, le gouvernement a préféré supprimer presque totalement l’IEF ; d’une manière radicale, en traitant de possibles radicalistes les IEFeurs. Qui est plus radical que l’autre ?.. En tous cas bien joué, c’est réussi.

Je précise que j’ai eu dernièrement une famille du 77 et une du 93 qui ont été sommées de mettre leur enfant à l’école. Seul léger souci, il n’y a pas de place ; ni dans l’école de quartier, ni dans une autre un peu plus loin. Arriverait-on enfin au bout du bout ? Je l’espère profondément…

JPaul

PS : j’étais parti pour faire un témoignage personnel, les mots et ma colère intérieure en ont décidé autrement.