Noëlle, Vendôme

Enseignante de français depuis 16 ans dans des établissements scolaires secondaires publics du Loir et Cher, j’ai choisi ce métier par goût pour les relations humaines et parce que je considérais que le savoir était important. J’ai toujours été curieuse de diverses pédagogies et soucieuse de faire évoluer mon métier et c’est pour pouvoir mettre en pratique la différenciation pédagogique, l’absence de notation et le travail sur des projets que je me suis par exemple dirigée vers l’enseignement en unité pédagogique pour élèves allophones.

Lorsque j’ai voulu expérimenter l’instruction en famille avec mes enfants, j’avais le même souci d’une part de construire des relations de qualité et d’autre part de pouvoir continuer les découvertes que j’avais pu faire en devenant parent et qui allaient à l’encontre des idées communes : il était possible de favoriser une naissance et une hygiène naturelles ; les enfants trouvaient ce dont ils avaient besoin pour se développer dans leur environnement et au moment où ils étaient prêts pour cela ; l’adulte à l’écoute apprenait et se réinventait dans cette relation…

J’ai toujours été vigilante par rapport aux communautarismes de toute sorte et je n’ai jamais cherché à séparer mes enfants des autres. Le vivre-ensemble est pour moi une valeur importante. J’ai ainsi participé à la création de l’association locale La Clairière, dont je suis présidente depuis 5 ans, qui organise des rencontres entre enfants non-scolarisés, particulièrement riches en termes d’apprentissages de la diversité (cultures familiales, profils neuro-atypiques, différences de modes de vie, interactions multi-âges,…). J’y ai toujours rencontré des familles qui avaient un esprit d’ouverture. J’ai également observé avec émerveillement l’enthousiasme des enfants et avec étonnement à quel point leurs centres d’intérêt, leurs rythmes et leurs manières d’apprendre étaient différents.

Dans ma classe, je cherche aussi à comparer les langues, à travailler l’interculturel autant que possible. Mais je regrette que la socialisation proposée en général à l’école soit essentiellement régentée par la compétition et l’obligation de se conformer. Comme le dit François Jarraud dans Le Café Pédagogique du 7 octobre 2020, «  l’instruction dans la famille permet d’interroger la nature et la portée de la forme scolaire de socialisation… la plupart des questions posées à l’instruction en famille peuvent aussi interroger l’institution scolaire. L’instruction en famille permet à un grand nombre d’enfants d’apprendre et de progresser, si l’on se fie aux contrôles publics. »

Mes enfants, qui ont aujourd’hui 8 et 12 ans, ont toujours eu le choix d’aller à l’école ou non et il est arrivé à ma fille d’y aller. Aujourd’hui, parmi leurs amis, certains vont à l’école et d’autres non. Certains y sont épanouis et d’autres non, enviant la possibilité qui est la leur. Je considère qu’il est vital qu’une société permette cette pluralité et si le droit des enfants à l’éducation est fondamental, dans la mesure où les parents sont prêts à leur proposer autre chose, je trouve injuste que l’on force des enfants à aller à l’école : pour les enfants, pour les familles qui ont fait des choix de vie et pour l’institution scolaire elle-même.

Témoignez !

Envoyez-nous votre témoignage à temoigner@laia-asso.fr ou cliquez sur le bouton ci-dessous.

Témoigner
Aller au contenu principal