Aurelia, Toulouse

Titulaire d’un DEA de linguistique, je deviens contractuelle de l’Education Nationale et exerce pendant quelques années dans divers collèges et lycées de l’académie de Toulouse.

Mes enfants ont d’abord été scolarisés.
Je connaissais alors l’Instruction En Famille (IEF) pour avoir rencontré des enfants instruits en famille lorsque j’étais enfant puis, en tant qu’enseignante, j’ai accompagné dans un établissement privé, des enfants déscolarisés inscrits au CNED réglementé, musulmans, portant le voile et qui avaient quitté l’école en 2004.
Plus tard, au sein d’une classe passerelle de l’Education Nationale, dispositif d’accueil pour les enfants du voyage de 11 à 15 ans, je travaillais avec des jeunes qui n’étaient pas ou peu allés à l’école.
Je ne pensais pourtant pas à l’IEF pour mes enfants. Cela représentais pour moi une trop grande responsabilité. Comment pourrais-je être à moi seule l’adulte chargée de transmettre à mes enfants l’ensemble du programme scolaire et leur garantir « un bon avenir » ? Je me disais par ailleurs que sans école mes enfants n’auraient pas d’amis (j’adorais pour ma part le temps passé avec mes amis à l’école !) d’autant plus que j’étais sûrement une mère toxique (tout le monde sait que les mères sont toxiques !).
Ils ont donc été dans une école Montessori, une école alternative que je croyais attentive aux besoins particuliers de chaque enfant.
Et puis, j’avais besoin de « temps pour moi » !

Et c’est en travaillant à un projet de recherche que j’entendai Lydie Dattas, lors d’une émission sur France culture (Lydie Dattas est poétesse, épouse d’Alexandre Romanès, du cirque Tzigane Romanès)
Elle disait quelque chose qui ressemblait à cela :

« J’ai connu un gitan qui savait reconnaître un arbre en écoutant le bruit du vent dans les feuilles »

Je crois qu’il s’est produit à ce moment là une révolution dans mon système de pensée : il y avait des domaines de connaissance dont je ne soupçonnais même pas l’existence ; le socle commun n’était donc pas l’unique vérité !

Cependant se perpétuaient chez nous les réveils intempestifs avant la fin de leur nuit, petit déjeuner en hâte, on s’habille vite vite, un manteau parce qu’il fait froid, allez vite on va être en retard ! Mais l’ainée n’a pas faim, le second ne veut pas mettre son manteau, le petit dernier a besoin de faire caca : nous serons en retard.
N. n’aime pas aller à l’école. Elle pleure le matin en y allant. Elle est très énervée voire colérique le soir quand elle rentre. Quant à I., il y est totalement inadapté, restant immobile des heures durant. Il n’y restera que quelques semaines.

C’est après avoir lu « Heureux comme un enfant qui peint » d’Arno Stern, que je prends cette décision : nous prendrons une année pour souffler, pour vivre ensemble ; une année sans école.
Les travaux de John Holt me font découvrir les apprentissages autonomes et nous commençons l’IEF. Nous sommes en septembre 2014. Les enfants sont d’abord restés en pyjamas, sans vouloir sortir de la maison pendant plusieurs mois.
Aujourd’hui, toujours en IEF, 7 ans plus tard, N. a 11 ans, I. 8, et Y. 2 ans et demi. Ils sont debout, habillés et prêts à aller nourrir les poules (que nous aurons bientôt !) à 8 heures du matin !
Selon la conjoncture, les besoins de chaque enfant, l’ambiance de la maison, nous alternons périodes de travail formel et périodes d’apprentissage libre.

L’école ? Nous oublions parfois que l’humanité a évolué et progressé pendant quelques millions d’années avant…
Pour nous il n’en est plus question pour le moment…

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