Catherine, Bruz

Moi c’est Catherine, maman de N. 14 ans et D. 10 ans.

Quand j’étais enfant je ne me sentais pas à l’aise à l’école. Je me souviens avoir eu le désir ardent d’avoir le pouvoir magique de me rendre invisible. J’aimais dessiner et rêver. Je voulais que l’on me laisse tranquille et découvrir le monde au rythme de mes intérêts. Mais il « fallait » aller à l’école…
Les années de collège ont été les pires de ma vie. Timide, désintéressée par les préoccupations de mes pairs, j’ai été victime de harcèlement pendant plusieurs années. C’est là que l’on m’a notifié que j’étais moche, bête et sans intérêt. Un message que j’ai gardé au fond de moi pendant très, très longtemps. L’adolescence est la période sensible où l’on se construit. Les années collège m’ont déconstruite. « Il est important d’être confronté tôt à la réalité des relations humaines, même si elles sont désagréables » m’a-t-on dit plus tard. Je pense au contraire que ma confiance en moi aurait été autrement plus affirmée si je n’y avais pas été confrontée si tôt. L’Instruction En Famille (IEF) me l’aurait permis si mes parents l’avaient connue et me l’avaient proposée… Mais ça n’a pas été le cas.

Quand je suis devenue maman je ne me suis pas posée de question et mon premier fils est allé en maternelle dès 3 ans. Ca ne s’est pas trop mal passé. Il a fallu faire des ajustements néanmoins et son profil a nécessité un accompagnement spécial. Ca n’a pas toujours été facile mais il fait aujourd’hui sa 3ème en alternance en métiers du cheval et y est épanoui.

Pour son petit frère je ne me suis pas non plus posée de question. En revanche il n’a pas vécu l’école de la même façon. Même profil que son grand frère mais vraiment hypersensible. La quantité d’enfants autour de lui qui bougeait, criait, chahutait lui faisait peur. Les fâcheries de la maîtresse lui faisaient peur. Le souvenir du petit garçon qui lui a un jour cogné la tête par terre à plusieurs reprises lui fait encore peur.
Impossible de se socialiser au milieu d’autant d’enfants. D préférait rester seul dans la cour. C’était moins compliqué. Des maux de ventre tous les matins. Des « maman, il y a école aujourd’hui ? » prononcés d’une voix inquiète chaque fois qu’il se réveillait…
Le CP arrivant j’ai eu espoir qu’il vive l’école différemment. Ca n’a pas été le cas et son angoisse s’est amplifiée. La psychologue scolaire a remarqué des stéréotypies gestuelles dans la cour, qu’il n’avait jamais fait à la maison. Signe d’une grande angoisse. Les apprentissages ne suivaient pas malgré les efforts et la bienveillance de la maîtresse. Les maux de ventre étaient de plus en plus présents et provoquaient des retards courants pour arriver à l’école. Devant sa souffrance récurrente et son sérieux retard d’apprentissage je cherche alors des solutions: j’apprends que l’école n’est pas obligatoire mais seule l’instruction l’est.
Retirer un enfant de l’école n’est pas anodin et fait peur. Serai-je capable de lui apprendre à lire et le faire progresser dans ses apprentissages? Je lui demande s’il préfère continuer à aller à l’école ou apprendre à la maison avec moi. Il se jette alors à genoux en suppliant « s’il te plaît maman, je ne veux plus aller à l’école ! Tu appelles l’école dès demain et tu dis que je suis malade, d’accord ?« .
D. est en IEF depuis 3 ans et demi et a fini par apprendre à lire quand il s’en est senti capable. Après 3 ans de CNED réglementé au rythme trop soutenu pour lui, nous sommes repassés en IEF pur avec un support thématique et ludique très bien fait par une maman d’enfants à profils particuliers. Je me suis donnée pour objectif cette année de lui faire reprendre confiance en ses capacités et continuer à l’aider à évoluer mais à son rythme.
D. s’est fait des amis dans des contextes plus sereins que l’école, il fait du sport (Parkour/cirque et natation). Il est à l’aise avec les gens de tous âges et parle naturellement aux adultes, qu’il aborde poliment mais d’égal à égal.

Quand Emmanuel Macron a annoncé son intention de mettre fin à la liberté d’instruire en famille, D. s’est mis en colère et a statué qu’on ne l’obligerait pas à retourner à l’école.
La liberté de choix est fondamentale. Je ne suis pas opposée à la scolarisation. Mon fils aîné a toujours été scolarisé hormis quelques mois d’IEF en fin de CM2 devant la souffrance de se comparer aux autres.
J’ai choisi d’écouter mes enfants. L’école convient à certains enfants et pas à d’autres. Chaque famille, chaque enfant devrait avoir le droit de choisir son instruction. Que ce soit pour des raisons philosophiques, pour se soustraire à une souffrance, pour s’adapter aux profils particuliers,… Pour toutes ces raisons je plaide pour le maintien de la liberté de choix.
L’IEF est soumise à déclaration et contrôle, ce qui permet de déceler les dérives antirépublicaines. L’interdiction ou la limitation stricte de l’IEF maintiendrait les communautaristes dans l’illégalité et ne ferait que nuire aux familles de bonne volonté, qui constituent l’essentiel des effectifs.

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