Dorothée et Nicolas, Angers

Nous sommes les parents d’une petite fille de 3 ans et demi.
Nous avons fait le choix commun de l’Instruction En Famille (IEF) pour plusieurs raisons.
Ce choix ne s’appuie sur aucun motif religieux, ni sectaire, étant tous les deux agnostiques.
Nous souhaitons donner à notre fille la liberté et le temps de choisir pour elle-même ses apprentissages et son cadre d’apprentissage. Nous sommes convaincus, de par ce que ce que nous vivons quotidiennement avec notre fille mais aussi par ce que nous indiquent les études en neurosciences, que :

  • le respect des rythmes de l’enfant permet la durabilité des apprentissages,
  • les apprentissages ne peuvent s’inscrire véritablement que par l’enthousiasme et la motivation propres de l’apprenant,
  • rendre obligatoire un apprentissage ne pourrait que l’empêcher ou l’inhiber.

Nous souhaitons que notre fille puisse évoluer dans un environnement vivant, varié, respectueux de ses besoins physiologiques et psychoaffectifs, sans violence éducative (VEO), sans punitions, ni récompenses, ni compétitions. Ce cadre favorise et facilite les apprentissages et leur intégration.

Nous ajoutons que le contexte sanitaire actuel, qui s’impose à nous tous, et déploie un grand nombre de questions notamment concernant les effectifs ou l’organisation des cours dispensés dans les écoles, nous conforte dans ce choix aujourd’hui.
Participer pleinement et activement à l’éducation de notre fille nous semble naturel et fait partie de notre projet familial.
Ce choix sera remis en question chaque année, dans le souci d’être à l’écoute des besoins et des souhaits de chacun.

Par ailleurs, nous dirigeons tous les deux une compagnie de théâtre, au sein de laquelle nous sommes metteurs en scène, comédiens, constructeurs et co-directeurs artistiques. Notre activité professionnelle nous impose des déplacements réguliers, week ends compris, en France et au-delà, allant de quelques jours à plusieurs semaines voire plusieurs mois et, ce, chaque mois de l’année.
A titre d’exemple, pour la saison en cours, nos déplacements représentent 31 semaines cumulées (en comptant les annulations auxquelles nous devons faire face en raison de la crise sanitaire) de fin août 2020 à fin juillet 2021 (en France et à l’étranger). Notre fille ne pourrait tout simplement pas voir ses parents si elle était scolarisée.

Nous avons choisi ce métier que nous exerçons avec passion et conviction. Cette joie se communique et se partage avec notre fille, qui nous accompagne dans tous nos déplacements depuis sa naissance. Soucieux de respecter les besoins et le bien-être de notre fille, nous avons mis en place une organisation spécifique : une personne, professionnelle de l’éducation, nous suit pendant tous nos déplacements (tournées, résidences de création) afin de nous relayer auprès de notre fille pendant que nous travaillons conjointement, assurant par la même un lien stable pour elle.

Au-delà de nos convictions, il est évident que dans notre situation, l’IEF s’impose comme étant la seule solution éducative adaptée pour notre fille et pour nous. Il va de soi, en effet, qu’il n’est pas envisageable de laisser notre fille seule pendant nos déplacements. La scolariser au gré de notre itinérance dans de multiples établissements est aussi non envisageable, tant pour son équilibre que pour celui des établissements scolaires.
Sans IEF possible, nous serions contraints à une réorientation professionnelle, ce qui n’est pas envisageable à ce jour. En plus d’une perte de liberté préjudiciable à chaque citoyen français, l’obligation de scolariser notre enfant mettrait fin à notre choix professionnel, source d’épanouissement et de revenus financiers ainsi qu’à notre équilibre familial.

N’étant pas « contre » l’institution scolaire mais conscients des limites de l’école aujourd’hui et ouverts à des approches pédagogiques dites « alternatives », lorsque le Président a annoncé sa « décision » d’interdire l’IEF, nous avons envisagé d’autres possibilités dont celle d’inscrire notre fille dans une école Montessori : ceci n’est pas envisageable financièrement pour nous, sachant que nous avons en complément, à notre charge, les frais associés à la personne qui accompagne notre fille lorsque nous travaillons pendant nos déplacements.
Cette solution n’est aussi pas envisageable car elle ne résoudra en rien l’équation vie scolaire / vie professionnelle inhérente à nos métiers.
Car lorsque nous ne sommes pas itinérants, nous travaillons en horaires décalés (soirées et week-ends) : si notre fille était scolarisée, elle ne verrait tout simplement pas ses parents.

L’IEF permet aujourd’hui à notre fille de garder le lien avec ses parents itinérants, de pouvoir grandir et apprendre librement, pour elle-même et à son rythme, de suivre ses élans et ses centres d’intérêt, de prendre le temps de jouer, d’explorer, de se nourrir de l’expérience culturelle, sociale et humaine qu’est celle de la vie d’une compagnie de théâtre, de développer sa sociabilisation au contact d’individus de tous âges et de toutes nationalités, d’aiguiser son rapport à l’altérité au fil de ses déplacements en France et à l’étranger, de se confronter à différents milieux sociaux et culturels, à différentes langues vivantes, d’évoluer dans un environnement riche et sans violence éducative (VEO) où le bien-être et le respect de chaque individu est le garant d’un bon fonctionnement collectif.
C’est une manière concrète de transmettre des valeurs telles que celles de la bienveillance, du respect, de la coopération, de la citoyenneté, de la laïcité et de la tolérance.

Avec cette expérience d’IEF, joyeuse et riche d’épanouissements pour tous, nous considérons que cette liberté de choix est fondamentale.
Nous défendons la liberté du choix du cadre d’apprentissage pour chaque enfant et chaque être humain, indissociable du respect de chaque individu dans sa diversité.

Nous pensons que la société humaine a besoin d’êtres capables de penser par eux-mêmes, épanouis, heureux, conscients, créatifs, autonomes, responsables, dans le respect du vivant afin de contribuer à son équilibre et à son progrès.

Au-delà des enfants et des familles que cela concerne aujourd’hui en France, la liberté du choix d’instruction, y compris en famille, est une liberté fondamentale à laquelle chacun.e doit pouvoir continuer à faire appel, à tout moment de sa vie.

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