Nous avons toujours pratiqué l’Instruction En Famille (IEF) avec nos deux filles.
Nos raisons de pratiquer l’IEF
Avant leur naissance, nous pensions que l’école était obligatoire et qu’il n’y avait pas d’autres possibilités. Mais lors de la grossesse de notre première fille, nous avons découvert que cela était faux. Cette trouvaille nous a étonné et a stimulé notre curiosité, nous amenant à nous documenter sur la réalité de l’IEF. Ce que nous avons découvert grâce à nos lectures et à nos rencontres nous a séduit : nous, parents, avions la possibilité de prendre en charge l’instruction de nos enfants sans avoir besoin de déléguer cette tâche à quiconque. En prenant en main l’instruction de nos enfants, nous avions la possibilité de mieux gérer notre temps sans la contrainte du système scolaire, de respecter leur rythme naturel de vie et d’apprentissage, de les laisser découvrir et approfondir leurs passions et de favoriser la vie de famille. C’est pour cela que nous n’avons jamais ressenti le besoin de confier nos enfants à l’Éducation Nationale.
Notre IEF au quotidien
Ce choix n’est pas le choix de la facilité.
Nous avons dû nous organiser afin de répondre au mieux à cette obligation d’instruction définie par le Code de l’Éducation. D’une part, mon épouse a mis en suspens sa carrière de professeur des écoles afin d’assurer l’instruction de nos filles. D’autre part, j’ai quitté mon emploi de cadre supérieur en région parisienne dans le but de pouvoir nous installer en Haute Corrèze et d’offrir à nos enfants un cadre de développement naturel.
Afin de subvenir à nos besoins, je suis devenu enseignant contractuel en mathématiques après avoir tenter de me reconvertir sans succès dans la menuiserie.
Notre IEF au quotidien évolue avec l’âge de nos filles mais le principe reste inchangé : nous pratiquons des apprentissages formels tous les jours (nous ne distinguons pas les jours de la semaine, du week end ou des vacances scolaires) en fin de matinée et en fin d’après-midi voire le soir. Cela représente environ entre 1h et 4h de travail pour jour. Ce planning n’est pas rigide et peut être facilement modifié en fonction des priorités de la famille ou des circonstances.
Régulièrement, nos enfants rencontrent leurs amis avec comme contraintes principales les distances qui peuvent les séparer (un des inconvénients de vivre en milieu rural) et les vacances scolaires pour leurs amis scolarisés. De façon hebdomadaire, nos filles pratiquent des activités extérieures : musique (vieille à roue et cornemuse) et équitation pour notre fille de 11 ans et violon pour notre fille de 6 ans. Le reste du temps est libre afin de leur permettre de faire ce qu’elles souhaitent entre rien et assouvir une passion (comme le montage vidéo pour notre aînée). Le choix de l’IEF implique que nous passions beaucoup de temps en famille et que nos filles doivent de ce fait également participer à nos activités de parents : activités associatives, travaux, potager, entretien de notre terrain, soin aux chevaux, courses, etc. Cela leur permet de rencontrer de nouvelles personnes, de découvrir de nouveaux lieux et de se rendre compte de la réalité de ce monde.
Nos obligations par rapport à l’IEF
Tout comme l’école, nous n’avons pas un devoir de réussite mais un devoir de moyen. Néanmoins, nous avons à cœur que nos contrôles pédagogiques se passent au mieux et de montrer aux inspecteurs académiques et aux conseillers pédagogiques, que nous rencontrons tous les ans, que les connaissances de nos filles progressent régulièrement. Les rapports des différents inspecteurs (dans notre circonscription, ils ne restent pas plus d’un an en poste) qui nous ont contrôlé ont toujours été positifs et nous ont permis de poursuivre l’instruction en famille. Lors de nos précédents contrôles, nous avons pu faire part de nos inquiétudes aux inspecteurs académiques concernant la pression de plus en plus forte sur les familles et donc la diminution progressive de nos libertés pédagogiques.
En général, les points de divergence avec l’Éducation Nationale que nous avons pu rencontrer reposent principalement sur les rythmes d’apprentissage. En effet, les enfants à l’école et les enfants à domicile ne progressent pas forcément au même rythme. Ce n’est pas mieux dans un cas ou dans l’autre, c’est juste différent. Nous avons constaté qu’il était difficile pour certains inspecteurs (pas pour tous) d’admettre et de comprendre cette différence. Le fait d’être tous les deux enseignants nous permet de relativiser et d’être confiant face aux remarques des inspecteurs qui peuvent déstabiliser des parents n’ayant pas connaissance du milieu scolaire vu de l’intérieur.
De même, certains inspecteurs nous ont fait part de leurs inquiétudes concernant l’augmentation du nombre de familles pratiquant l’IEF. Soit parce qu’ils ne voyaient pas comment ils pourraient rendre visite à toutes ces familles (le problème est moindre maintenant puisque nous sommes à présent convoqués à l’inspection). Soit parce qu’ils y voyaient une remise en question de leur système scolaire (un peu comme si un constructeur automobile voyait d’un mauvais œil que de plus en plus de personnes se déplacent à vélo).
Nous ne sommes pas contre l’école, nous sommes pour la liberté du mode d’instruction afin que chaque parent puisse choisir ce qui est le mieux pour son enfant. Nous considérons que ce n’est pas à l’État de faire ce choix à notre place.
Après 6 ans d’IEF, nous affirmons que ce mode d’instruction nous convient parfaitement dans la mesure où il permet d’une part, à nos filles d’apprendre à leur rythme en se focalisant sur leurs centres d’intérêt et d’autre part, de renforcer le lien familial qui nous unis. Ce qui nous conforte au quotidien dans notre choix, c’est de constater :
- le niveau de réflexion de nos filles, leur sagesse, leur empathie,
- l’efficacité de leur apprentissage en comparaison aux nombres d’heures passées,
- le bonheur de les voir grandir le plus possible.