Laëtitia, Blois

Nous sommes une famille de 6 membres : deux parents de 37 et 38 ans, avec 4 enfants de 14, 12, 11 et 6 ans.

Pourquoi nous avons choisi l’Instruction En Famille (IEF) ?
Lorsque notre fils aîné a eu 2 ans et demi, il parlait déjà bien et s’intéressait à beaucoup de choses. L’assistante maternelle qui le gardait 3 fois par semaine nous a suggéré de l’inscrire à l’école en cours d’année car cela répondrait probablement à ses attentes.
Nous avons donc fait la démarche d’inscription auprès de l’école maternelle publique de notre quartier. La directrice, très sympathique, nous a indiqué que les classes étaient surchargées. Elle a inscrit notre fils sur liste d’attente, en nous expliquant que vivre en groupe de 25 enfants à cet âge là restait très violent pour les enfants et que si nous pouvions faire autrement, elle nous invitait à envisager d’autres possibilités.
Nous avons rencontré le directeur de l’école maternelle publique du village dans lequel l’un des parents travaillait. Mais déjà nous avions cette idée que nos emplois nous permettaient d’envisager la scolarité “autrement”.
Nous avons donc fait le choix d’essayer l’IEF à la fois :

  • pour éviter les grandes journées dans des classes de 25 enfants à notre fils de tout juste 3 ans,
  • pour éviter de réveiller ses deux petites soeurs de 1 an et demi et quelques jours le matin et en milieu d’après-midi,
  • pour permettre à la maman de profiter de la fin de grossesse et des premiers mois à 3 enfants sans se soucier d’horaires de lever, coucher et trajets,
  • pour éviter à notre fils de connaître en même temps une première rentrée scolaire et la naissance de sa petite soeur avec tous les changements que cela engendre.

Notre réflexion était la suivante : il est plus simple de poursuivre notre vie en famille, notre éducation, en y ajoutant de l’instruction et des apprentissages scolaires que de faire entrer l’école dans notre vie à ce moment là. Si toutefois notre équilibre familial ne nous convenait plus ou si notre fils réclamait à aller à l’école alors nous ferions ce qu’il faut pour trouver un nouvel équilibre, avec l’école.
Depuis ce moment, chaque année nous demandons aux enfants s’ils souhaitent ou non aller l’école. La réponse de notre fils aîné est toujours négative, mais sa soeur a insisté pour connaître l’école à 5 ans. Nous sommes donc allés aux portes ouvertes de l’école de notre village et, en accord avec le directeur et la maîtresse de GS/CP, elle est entrée en classe au mois de mai, pour finir la GS et assurer une transition vers le CP. Notre fille a été ravie les deux premiers jours, puis elle nous a raconté les punitions, les humiliations de la part des enseignants, personnel de service ou autres enfants, elle nous a fait part de son impression de perdre son temps, de ne plus avoir le temps de jouer,… Au bout de 10 jours, elle a demandé à quitter l’école et revenir à la maison. Elle a toutefois participé au spectacle de la fête de l’école puisqu’elle avait été partie prenante dans l’organisation.
Récemment, elle nous a fait part de son envie d’aller au collège et de faire sa rentrée en 5ème cette année. Nous avons vu avec le principal du collège qui nous a proposé qu’elle assiste aux cours de 6ème au mois de mai 2020 et ainsi préparer sa rentrée en connaissant déjà le collège, l’organisation, les salles de cours et certains enfants. Le confinement et les réglementations anti-covid ont eu raison de sa motivation. Elle préfère finalement poursuivre sa scolarité à la maison, n’excluant pas d’aller au collège ou au lycée lorsque les masques ne seront plus obligatoires.
Les deux autres enfants ne souhaitent pas intégrer l’école ou le collège.

Notre organisation
Professionnellement, nous avons évolué au fil des années pour travailler de plus en plus depuis notre foyer. Aujourd’hui, nous travaillons tous les deux principalement par internet, excepté quelques déplacements qui peuvent généralement se faire en famille et deviennent l’occasion de voyager avec les enfants et de visiter la France.
L’un des parents s’occupe de l’instruction des enfants le matin, de 9h à midi. Il ne s’agit pas de leçons préparées mais plutôt d’un rendez-vous pour que chacun développe ses projets. L’un va faire des recherches sur une période historique et en faire un résumé, une frise ou un exposé. L’autre se lance dans la construction d’une maquette d’écurie, lui demandant des calculs de proportions pour la mettre à l’échelle. Le plus jeune travaille l’écriture régulièrement et crée des lapbooks dans lesquels il consigne ses découvertes sur les insectes ou les samourais. Les enfants ont aussi des cahiers d’exercices plus scolaires, qu’ils complètent quand ils en ont envie. Notre fils travaille également à préparer le Brevet des Collèges.
Nous allons deux fois par semaine à la bibliothèque pour emprunter des livres sur les sujets que nous étudions, des documentaires vidéos, pour apprendre à comparer les informations et développer leur esprit critique. Ils lisent aussi des romans jeunesse et classiques de la littérature, des bandes dessinées, mangas, romans graphiques,…
Ils sont abonnés à des magazines adaptés à leurs centres d’intérêt : Wapiti, Toboggan, Okapi, Cosinus.
L’après-midi, les enfants peuvent continuer leurs projets, jouer, inventer et ont souvent des activités périscolaires. Ils lisent, dessinent, jouent à des jeux de société ou des jeux vidéo, suivent des cours en ligne (MOOC) sur des sujets qui les intéressent, font de la couture, jardinent, bricolent, cuisinent,…

Et la socialisation ?
Nos enfants, même s’ils ne vont pas en classe, ne sont pas seuls.
Ils rencontrent beaucoup d’autres enfants dans leurs activités périscolaires, à la fois pour jouer et discuter mais aussi pour créer des projets, des équipes, en fonction des activités.
A eux quatre, nos enfants ont la possibilité de rencontrer et travailler avec d’autres enfants lors de ces activités :
– activités sportives : roller, vtt, kayak, cirque, karaté, poney, gymnastique, judo,
– activités culturelles : solfège, instruments (tuba, accordéon, violon, piano), orchestre et musique d’ensemble, rencontres avec l’association la Clairière (jeux collectifs en français ou en anglais, création d’un journal participatif)
Pour nous, la socialisation en se fait pas uniquement en rencontrant des enfants de leur âge. Elle passe aussi par l’intégration dans la société avec des personnes de tous âges et de toutes conditions sociales. Depuis que nous faisons l’IEF, nous avons beaucoup plus de temps pour nous investir dans des associations (notamment une association de reconstitution médiévale à Angers) avec nos enfants. Nous avons aussi le temps d’entrer en contact avec des personnes que nous ne côtoyons pas habituellement et de leur poser des questions : personnel des travaux publics qui nous expliquent leur métier, voisine à la retraite à qui nous donnons un coup de main de temps en temps, discussion avec des mendiants, avec un pêcheur qui avait besoin d’aide,…
Nos enfants savent ce que signifie s’impliquer dans un projet et sont loin des jugements hâtifs et de l’esprit de compétition qui règnent généralement chez les enfants de leur âge.

Nous sommes fiers d’avoir pu jusqu’ici accompagner nos enfants dans ces chemins de traverse, et nous sommes convaincus qu’ils pourront aider la société de demain en apportant un regard nouveau et constructif.
Nous ne sommes pas opposés à l’école, nous sommes juste un élément complémentaire.
Ce que nous demandons, c’est de laisser cette liberté du choix de l’instruction pour tous : pour ceux qui le font pour la pédagogie et la philosophie mais aussi pour tous ceux dont les enfants souffrent à l’école, pour ceux qui ont des troubles de l’apprentissage et que les parents veulent accompagner autrement,…
L’Instruction En Famille n’a rien contre la République et ses valeurs.

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