Nanou, Malakoff

Je suis Nanou, professeur de danse.

J’ai oeuvré au sein des non-sco depuis près de dix ans maintenant. J’y ai dispensé des cours de danse, parents enfants.

Quand j’ai été sollicitée, j’ai préféré par prudence passer par une étape d’expérimentation avant de m’engager. Je n’avais jamais auparavant donné des cours dans un tel cadre. On a démarré les cours à titre expérimental. J’avoue que je me suis laissée prendre au jeu, très facilement et rapidement. Plus encore, j’ai été fascinée par cette population pour plusieurs raisons.

Il se prône dans ces familles des valeurs essentielles auxquelles je suis particulièrement attachée de par ma propre culture et éducation ( je suis d’origine libanaise).
Esprit de famille, respect de tout un chacun, amour, bienveillance, patience, partage, solidarité, humanisme, philosophie portée sur la vie dans son sens le plus profond, celle que je qualifierai de « Vraie vie », celle qu’ils enseignent à travers leur mode d’instruction « L’école de la vie ». En hommage à leur mode de vie nous avons mis en place, en 2014, une création chorégraphique dont le titre est plus explicite que tous les discours « A l’école de la vie, on danse, on chante, on rit… »

Ils m’ont beaucoup appris. J’ai adapté ma pédagogie à leur réalité ce qui m’a amenée à penser l’apprentissage autrement que celui que je pratiquais dans des structures plus conventionnelles.
J’ai surtout adoré pouvoir en tant que pédagogue m’affranchir de certains codes qui finalement vous freinent plus qu’ils ne vous laissent progresser. Il ne s’agissait plus de maîtriser coûte que coûte des fondamentaux pour parvenir à danser, il s’agissait plutôt de les aborder et de prendre le temps qu’il faudrait pour se les approprier. Pas de tension pas de stress à acquérir une technique, la place était davantage laissée à l’interprétation, à la motivation, au plaisir de bouger et qui de plus est avec des personnes chères puisqu’il était question de frères, de sœurs, de mères, de grands-pères… En somme, de famille et d’amis.
En les côtoyant, j’ai acquis une notion fondamentale : accepter de ne pas être dans la culture du résultat. Chacun avance à son rythme, et son avancée est propre à lui, relative à ses capacités qui ne sont pas évaluées au regard d’un modèle établi.

Ce qui m’a frappée est leur capacité à improviser. Les enfants et adultes chez les non sco, à la différence de ceux que j’avais pour élèves ailleurs, étaient nettement plus délurés et créatifs. Ils osaient s’emparer de cette liberté innée que chacun possède quand il naît. Chez eux, cette liberté est précieusement préservée, tout en étant malgré tout cadrée à minima en toute intelligence, c’est là que se situe la différence.

Une des expériences les plus marquantes de mon passage parmi eux a été à n’en pas douter, la possibilité d’accueillir au sein de ce groupe, des enfants en situation de handicap. Le cours s’est alors transformé en « Cours de danse en inclusion ». Un enthousiasme à toute épreuve a alors régné dans les cours transformant radicalement l’impossible en « un » possible. Un véritable bonheur partagé, où la notion d’être humain simplement est venue supplanter celle d’être humain différemment.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, j’ai souvent dit, moi qui suis sans enfants, que si la vie en avait décidé autrement, je les aurais sans doute scolarisés à « L’école de la vie ». Je reste convaincue de part ce vécu, que l’instruction en famille est une voie de réussite certaine pour des enfants en devenir d’être grands.

Respect pour le choix de chacun, école ou non, qu’importe, l’essentiel étant à mes yeux que chacun puisse se réaliser et trouver l’épanouissement à sa porte.

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