Sixtine Aupetit est à la fois scénariste, comédienne et maman de 3 enfants instruisant en famille. Voici son témoignage.
Dès la naissance de ma première fille, je me suis questionnée sur école ? Pas école ? Et si école : école alternative, démocratique ou encore école de la république ? …
Cette ouverture d’esprit nous a permis de faire un parcours singulier à travers les différentes options, et de réaliser que chacune revêt des points forts VS des aspects plus limitants – tel que le coût financier d’une école alternative, par exemple, ou encore la rareté des possibilités en fonction des régions, comme là où nous vivons actuellement, en lisière de forêt de Rambouillet.
Ce qui est certain, c’est que les années d’écoles alternatives que nous avons vécues aussi bien que les années d’instructions en famille (IEF) sont de loin celles qui nous ont le plus impactés, inspirés, et qui ont le mieux permis de faire germer les graines d’une éducation basée sur la présence les uns aux autres, le respect de l’enfant, de l’espace et de la singularité de chacun, la confiance en soi, l’autonomie et la liberté.
Je n’inclus pas dans ces constats l’école publique sur les bancs de laquelle mes filles sont actuellement car le mur qu’elle érige entre son système et les familles est tel que je serai bien incapable d’en décrire les vertus ou autres aspects favorables. Et pourtant, nous parlons là d’une petite école de village, qui compte à peine 80 enfants et dont la directrice tente, on le sent bien, de favoriser des liens sympathiques entre familles et corps enseignant.
En ce qui concerne les apprentissages purs et durs (ou acquis), je les trouve valables et manifestement égaux dans les trois systèmes : instruction en famille, école alternative et école publique.
Alors, où est le problème ? Pourquoi venir chercher, gratter, déranger ceux qui œuvrent dans leur coin, pour le plus grand bien de leurs enfants et sans déranger qui que ce soit ? Leur envoyer des inspecteurs annuels ne suffisait donc pas ?
Je ne trouve pas de raison valable à cette décision de les priver de la liberté de continuer, moi qui n’ai rencontré que des familles dont l’investissement n’a d’égal que la passion que l’artiste voue à son art!
Je le répète, je n’ai rencontré que de dignes gardiens de l’enfance de leurs enfants.
Et c’est bien un tour de force qu’ils opèrent, en refusant de confier à d’autres ce qu’ils s’évertuent de faire eux-mêmes. Car la plupart de ces parents travaillent, TOUT en s’arrangeant pour libérer le temps nécessaire pour suivre de près les programmes scolaires de leurs enfants, TOUT en arrosant les autres germes possibles chez ces mêmes enfants : théâtre, lecture, couture, cuisine, électricité, botanique, cinéma,… Peu importe ce qui passionne leurs petits, ces parents suivent leurs différents élans en tâchant ne jamais trop interférer. Ce sont de véritables alchimistes, qui mettent leurs cœurs à l’ouvrage et qui du coup, transmettent à leurs enfants le chemin du cœur vers tous les apprentissages.
Au moment même où nos enfants subissent les violences verbales et parfois physiques des autres enfants dans la cour de récréation (et ce, même au sein de cette même petite école de campagne qui compte à peine 80 enfants) ou maladresses d’instituteurs les yeux trop souvent rivés sur le programme, dans un système de notation, validation, qui éternellement condamne la faute et flatte la réussite, instituteurs souvent bien peu enclins à s’ouvrir aux différentes méthodes brevetées et prouvées qui prennent en compte l’individu dans son entièreté et non simplement l’élève apprenant… Ces familles de l’IEF se réunissent entre elles et veillent au meilleur traitement possible des enfants entre eux. Ils n’envisagent d’ailleurs jamais d’inviter un enfant sans penser à ses frères et sœurs car il se donnent ce temps, cet espace… de la vraie rencontre, d’humain à humain.
Je les remercie du fond du cœur de m’inspirer autant !
Alors, quand j’entends aujourd’hui que leur liberté est menacée, tristesse et révolte m’accablent. Une partie de moi ne veut pas le croire quand une autre réalise en fait qu’évidemment cela pendait au nez des français puisque TOUT de la politique actuelle va dans le sens de la privation de liberté, de couper nos élans d’être des individus autonomes et vivants, œuvrant à partir du cœur plutôt qu’à partir de l’idée de rendement, à la manière d’un troupeau qui aurait peur du grand méchant loup.
Alors maintenant quoi ? Comment apporter du soutien à ces familles ? Comment réussir à se sentir citoyenne française quand on se reconnaît si peu dans les actions de ceux qui gouvernent ce pays ? Et surtout, comment continuer de supporter les amalgames grossiers (pour ne pas dire vulgaires) de politiciens qui n’ont de cesse de mettre dans le même panier des faits qui n’ont pas de liens entre eux comme c’est le cas ici-même, en osant mêler à cette histoire celle de la création d’écoles islamiques clandestines à tendance radicales ?!
Non contents de nous interdire de respirer, on veut maintenant contrôler en tous points la manière dont le petit d’homme se développe et s’instruit ? Mais dans quel but sinon celui de contrôler au mieux son peuple ?
J’ai signé les pétitions qui circulaient, ajouté les euros nécessaires pour en accroître la visibilité, rédigé ces quelques mots et maintenant quoi ? Est-ce une simple menace ou le président a-t-il un réel plan derrière la tête ?
Il est à mon sens essentiel de revendiquer notre droit à choisir librement quelle instruction on veut pour son enfant, et même, quelle instruction l’enfant souhaite-t’il pour lui-même. Car, au fond, ne s’agit-il pas avant tout de lui ?
Puissent ces quelques mots venir en aide à ceux qu’on menace aujourd’hui !
Du fond du cœur,